Monsieur le Maire de Tourtour a fait parvenir à chaque élu (maires ...) du département une lettre ouverte par laquelle il explique l'impératif besoin de se mobiliser contre la toujours possible recherche-exploration-exploitation de gaz de schiste dans une grande partie du Var notamment la partie Nord.


Nous vous communiquons cette lettre ainsi que la réponse du Collectif 83 "NON au gaz de schiste", toutes deux publiées sur le blog
http://gazdeschiste-collectif-var.over-blog.com/.

 
   

Lettre ouverte de Monsieur le Maire de Tourtour


Cher collègue,

C’est en tant qu’élu du Haut Var et maire de Tourtour que je m’adresse à vous afin que vous soyez très exactement informés de la situation nouvelle et catastrophique provoquée par le groupe pétrolier TOTAL au sujet de l’extraction du gaz de schiste dans le Sud Est.

Avec Josette Pons, députée du Var, j’ai fait partie des tout premiers élus du département à s’être mobilisé en mars dernier contre l’extraction du gaz de schiste dans notre région à la suite de l’interpellation du Collectif anti gaz de schiste Varois.

Cette mobilisation sans précédent des élus ruraux, des associations et des collectifs anti gaz de schiste dans tout le sud de la France a obligé le Gouvernement à débattre en urgence d’une loi qui a été votée en juillet 2011. Ce texte était censé mettre un coup d’arrêt à tous les permis d’exploration délivrés en catimini à des multinationales par Jean-Louis Borloo alors ministre de l’Ecologie.

Pour le maire que je suis, l’annonce faite il y a 48 heures par le Groupe TOTAL de poursuivre l’exploration puis l’exploitation du gaz de schiste dans le Sud Est en dépit de la loi votée est une véritable provocation pour tous les habitants de nos zones rurales.

Il est clair que ce sont nos territoires ruraux peu peuplés qui seront les premières victimes des intérêts mercantiles du groupe pétrolier français.

Moins de 24 heures avant la date butoir, rendant caduc les droits d’exploration octroyés pour 5 ans par le Gouvernement, TOTAL affiche sa suffisance et fait fi d’une loi ambiguë votée il y a tout juste deux mois au Parlement.

TOTAL annonce qu’il va continuer les études et engager l’exploitation du gaz de schiste sous le fallacieux prétexte d’utiliser une autre technique que celle de la fracturation hydraulique alors que chacun sait qu’elle est la seule technique rentable. Ils vont même plus loin en considérant que les forages pourraient commencer dès 2013.

Sans vergogne, le groupe pétrolier franchit ouvertement la ligne jaune dans les médias en considérant qu’il faut rendre « acceptable » la technique de la fracturation hydraulique alors que ce procédé vient d’être officiellement interdit par la loi en France.

Face à cette menace pour la santé des habitants de nos communes rurales et l’imposture d’une loi passoire, c’est aux élus ruraux, aux collectifs et aux associations d’exercer leur devoir de vigilance en étant très présent sur tous les sites potentiels.

Pour être efficace, je propose que les élus du Haut Var, les ONG et les Collectifs anti gaz de Schiste mettent en place une cellule de veille qui regroupera toutes les informations en provenance des différents territoires afin que nous puissions réagir rapidement et collectivement.

Pour le Haut Var, nous ne savons pas si le permis d’exploration dit « de Brignoles » va être annulé, et c’est pourquoi j’ai immédiatement interpellé le préfet du Var, Paul Mourier, et le préfet de la région PACA, Hugues Parant, afin que tous les élus du Var soient informés.

Toutefois, il est clair qu’à partir de maintenant tout le Haut Var est à la merci et sous la menace du précédent qui vient d’être initié par TOTAL.

Cette porte ouverte aux groupes pétroliers dans l’extraction du gaz de schiste dans le Sud Est les conduit déjà à expliquer dans le journal Le Monde que renoncer à un permis, c’est renoncer à son métier qui est de découvrir où sont les richesses en hydrocarbures et les risques associés à leur exploitation.

Ce cynisme affiché et assumé doit tous nous conduire à interpeller tous les députés varois qui ont voté cette loi en juillet 2011 afin qu’ils agissent dès la rentrée parlementaire.

Par cette lettre ouverte je demande à tous mes collègues maires, mais aussi aux conseillers généraux et régionaux du département de se manifester publiquement contre ce passage en force.

Je compte vraiment sur vous pour qu’ensemble, quelles que soient nos opinions politiques, nous luttions avec détermination contre cette menace qui va mettre à mal notre environnement et notre économie tournée essentiellement vers le tourisme dans le Haut Var.

Amicalement.
Pierre Jugy
Maire de Tourtour

      
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                                  Réponse du Collectif 83 "NON au gaz de schiste"

Monsieur le Maire,


Nous avons pris connaissance de votre lettre ouverte aux élus varois et saluons votre initiative. Nous nous souvenons que vous avez été rapidement sensible à la question des Gaz des Gaz de Schiste ; nous nous rappelons en effet de votre présence à la première réunion de notre collectif « NON au gaz de schiste 83» à Salernes et de votre intervention remarquée de tous, exprimant votre indignation que les élus locaux aient été ignorés par les pouvoirs publics et qu’ils doivent être informés par les simples citoyens de notre collectif, tout jeune à l’époque !

Votre proposition, légitimement motivée par la récente décision du groupe Total de poursuivre envers et contre tous l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures de roche-mère, « que les élus du Haut Var, les ONG et les Collectifs anti gaz de Schiste mettent en place une cellule de veille qui regroupera toutes les informations en provenance des différents territoires afin que nous puissions réagir rapidement et collectivement » nous convient parfaitement. Nous serons, comme depuis le début de notre action, toujours, pour cette noble cause, au côté des citoyens et des élus locaux. Nous avons déjà un maillage assez complet de citoyens varois. Ensemble, citoyens, élus et collectif, nous pouvons devenir un rempart efficace.

Comme vous le savez, nous participons à de nombreuses réunions, dans le Var comme dans des départements où les permis sont autorisés et où l’urgence est tout autre. Pour information, nous serons à Néoules, vendredi 23 septembre à 18h30 à la salle polyvalente de Néoules (projection débat de Gasland) et aussi à Salernes, jeudi 29 septembre, lors de la soirée "Jeudi c'est écologie" organisée par Cobionat. Nous participons aussi aux travaux des coordinations régionales ou nationale et nous sommes prêts à partager toutes nos informations dans le cadre de la cellule de veille que vous vous proposez de constituer.

Maintenant, un peu de réalisme concernant la situation actuelle : la loi telle que proposée et votée par l’actuelle majorité parlementaire, a laissé la porte ouverte aux sociétés pétrolières ; nous l’avions dit et redit, partant du principe que « seule la fracturation hydraulique est interdite », il était facile pour les sociétés de sortir de leur « sac à idées » une technologie autre telle l’arc électrique, l’acide chlorhydrique ou l’azote ou … tout simplement de rebaptiser la fracturation hydraulique d’un nom plus « acceptable » comme « stimulation hydraulique» ou « fracturation conventionnelle » ou autre euphémisme. Nous l’avions prévu, ils l’ont fait !

Oui, monsieur le maire, si la loi fut une avancée ponctuelle, seule l’interdiction absolue de rechercher et d’exploiter les différents gaz et pétroles enfermés dans la roche mère stoppera les appétits des sociétés pétrolières françaises ou étrangères.

Cette solution simple existe : une proposition de loi, qui reprend l’interdiction absolue, a été déposée par un groupe de parlementaires. Que cette proposition de loi soit mise à l’ordre du jour et adoptée par une majorité de parlementaires et nous pourrons, vous comme nous, retrouver notre sérénité.

Monsieur le Maire, dans un premier temps, faites-vous le relais de nos demandes et faites part de cette solution à l’ensemble des parlementaires varois qui, tous - même Madame Pons que vous citez dans votre courrier - sauf un - Monsieur Collombat -, ont voté « pour » la loi de juillet, celle qui, insuffisante, interdisait uniquement la fracturation hydraulique.

Monsieur le Maire, le gouvernement, les parlementaires de la majorité ont commis une erreur, celle de croire à la lassitude, au désintéressement par les grands groupes pétroliers de l’exploitation de cette ressource fossile éventuelle. Il est encore temps de revoir la copie, intervenez, Monsieur le Maire, nous vous en serons particulièrement reconnaissants.


Le Collectif NON au Gaz de schiste 83     

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