Que de controverses, de conversations de repas de famille, ce sujet a provoquées !
Mais oui, disent les uns, évidemment, le réchauffement, souvenons nous de la canicule de 2003, de la sécheresse qui fait mourir nos arbres, de nos maisons fissurées … Oh que non, rétorquent d’autres, ce sont des cycles, pendant quelques années, il fait plus chaud et ensuite, il fait plus frais ; c’est comme cela depuis toujours.
Pas facile de se forger une certitude sur ces paroles, pourtant sincères.

Les spécialistes aussi sont partagés, nous avons tous en tête, le nom de ce monsieur, porte drapeau des climato-sceptiques, invité de toutes les télévisions. Il ne restait donc plus comme solution que rendre visite aux experts de la météorologie et du climat de notre région ; une solution pratique puisque la principale station météo du Var se trouve au Cannet des Maures, en plein cœur de l’ALAAT (base hélico).

Monsieur Stéphane Garro, responsable de la station nous reçoit avec intérêt, en effet, passionné par ce sujet, il est heureux que ce thème soit évoqué dans notre blog.

Lorgues Nature : Stéphane Garro, réchauffement climatique, oui ou non ?
Stéphane Garro : « Il est vrai qu’après les polémiques des dernières années, le citoyen lambda pouvait douter. Il est bon de s’en tenir aux faits, les spécialistes du monde entier réunis au sein du GIEC
(Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont maintenant certains du réchauffement climatique et ont apporté la preuve que ce sont les rejets liés à l’activité humaine qui sont, en majorité, responsables de ce réchauffement. Il faut l’admettre dès lors que plus de 90% d’experts autorisés confirment ce fait. »

LN : Mais comment affirmer que la Terre se réchauffe, les relevés ne datent que d’un ou deux siècles,
SG : « Effectivement, le thermomètre a été inventé en 1641 … les données météorologiques sont relevées donc connues depuis 1860.  Les spécialistes ont ainsi recours aux données indirectes telles l’étude de carottes glaciaires, de cernes de bois (dendrochronologie) ou encore les recherches sur les sédiments marins et les bulles d’air donc de CO2 et de GES (gaz à effet de serre) qui y sont naturellement piégées. Par ces procédés, il est possible de remonter sur des centaines de milliers d’années. »


LN : Et ainsi, il est possible de prévoir le réchauffement prévisible dans les prochaines années ?

SG : « Je précise ; les résultats de ces études montrent que le réchauffement actuel est anormal, non pas parce qu’il existe, mais par la vitesse à laquelle le changement s’opère. Ce réchauffement - que nous connaîtrons dans un temps plus ou moins long selon le volume de nos rejets à venir - sera le plus grand depuis toujours.
Au 20ème siècle, la terre s’est réchauffée d’environ ¾ de degré (plus précisément de 0.56 à 0.92), en France, le réchauffement - non uniforme - fut voisin de 1° »

LN : Pensez-vous qu’il sera possible de déterminer le climat qu’il fera en 2100 aux abords de la Méditerranée ?

SG : «  Je me fais l’interprète de Mme Valérie Jacques, de notre direction d’Aix en Provence, qui résume les analyses faites par le GIEC à l’échelle du bassin méditerranéen par :

-         Augmentation forte de la température annuelle moyenne avec renforcement rapidement sensible et maximal en été,

-         Diminution des précipitations sur l’année, notamment en été,

-          Risque de sécheresse plus important (assèchement des sols),

-          Diminution des périodes enneigées donc des débits de fleuves méditerranéens.


LN : Et dans notre région ?

SG : Pour ce qui est de déterminer le climat de la région ou du Var en 2100 ou autres époques futures, Météo-France y travaille ; le procédé est simple par définition mais complexe en réalisation : on découpe l’atmosphère en petites « boîtes » et, à l’intérieur de chacune de ces « boîtes », on calcule les principaux paramètres météorologiques. C’est une « simulation », une « modélisation » de l’atmosphère qui est opérée sur des ordinateurs de grande puissance de calcul. Nous débutons seulement le stade de la régionalisation, nous devrions être prêts pour le prochain GIEC en 2013.


LN : Comment comprendre les pluies torrentielles des 15 et 6 juin ?

SG : C’est un épisode ponctuel - cette fois, d’une très grande importance - qui n’est pas inhabituel en Provence. Dans la région voisine, l’on parle de pluies cévenoles. Les causes, en bas, l’air doux et humide (phénomène local) affronte, situé plus haut, l’air froid et cela donne des pluies torrentielles.
Ces épisodes ont lieu habituellement en septembre.


LN : Stéphane Garro, s’il est vrai qu’il n’y a pas lieu d’être optimiste, nous avons compris que l’avenir de notre région, de notre planète dépendait de notre volonté de réduire  nos rejets liés à l’activité humaine. Votre avis sur notre région en 2050 ?

SG : Tout cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’été frais, seulement, ils seront rares ; dans 50 ans, l’été 2003 sera considéré comme un été frais.
Le climat n’est pas quelque chose de régulier, il varie et continuera de varier ; il convient de le considérer sur une longue période.

Merci Stéphane Garro pour votre accueil, votre expertise et vos explications simples et convaincantes. Nous reviendrons.

2011-0792.JPG Stéphane Garro - Station Météo France du Cannet des Maures

Un matériel miniaturisé mais hautement performant. (photo LORGUES NATURE)

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