La suite de l'épisode 1/4 ( ICI ) du 25 avril 2017

Haut Moyen-âge et renaissance : une économie économe

Progressivement, mais très lentement, suivant les vicissitudes des pouvoirs publics successifs, l’évacuation des rebuts s’organise. Les épidémies vont ainsi s’espacer notamment par la mise en place de fosses de collecte dans les immeubles. Cependant, pour comprendre les moteurs de cette organisation il faut aussi ajouter deux facteurs :

  • en absence de réseau d’eau courante, les eaux provenant des puits, des sources captées ou de la pluie sont quantitativement insuffisantes pour être utilisées comme « transporteurs de déchets ».

  • Ensuite, les villes sont aussi des centres industriels dynamiques qui utilisent et transforment essentiellement de grandes quantités de matière organique. Ces transformations induisant naturellement des résidus, bien que fortement recyclés, s'accumulent néanmoins dans les étroites ruelles (les gravats et autres déchets inertes étant tout simplement remblayés sur place).

Une organisation va alors s’instaurer et suivre une logique économique (économique dans le sens d’améliorer l’efficacité et d’être économe) en intégrant les principes de ce que l'on nomme de nos jours « le tri sélectif ». En effet, à cette époque le terme « déchet » n’existe pas !
 

L'assainissement domestique durant le XVII ième siècle

Ces masses organiques qui sortent des locaux des artisans sont collectées puis triées. Ce triage permet à une grande partie de cette masse de poursuivre un circuit économique urbain. Il en découle que le volume de rebut à exporter est limité. Mélanger aux excréments humains et animaux, ce rebut « ultime » est enfin un produit organique qu’il faut exporter. Le transport ayant un coût, ce sont les proches banlieues des villes qui sont réceptrices par cet amendement plutôt apprécié des maraîchers et cultivateurs. Ces derniers, en exploitant ces terres proches (vergers, jardin, champs) des centres urbains, participent donc intimement à l’économie de la ville en produisent les denrées (végétales et animales) et les produits (fibres, huiles...) qui vont, en retour, la nourrir.

Ainsi, l'économie des villes de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance s’intègre pleinement dans des cycles des éléments fondamentaux (C, N, P, K...). On peut comparer ces villes à des organismes vivants qui échangent mutuellement avec son environnement immédiat : absorbant certes de l’énergie, mais la redistribuant tout autant.

La gestion de l'eau s'exprime toujours par le minimum syndical : évacuer les eaux de pluies en s'appuyant sur la topographie locale et le réseau hydrographique naturel existant. Ces eaux emportant, au grès des orages, les déchets qui n'auraient pas été collectés.

 

A suivre...

Retour à l'accueil